Le train pour Noel
J'avais dit à ma mère que je serais absent pour Noel.
Je ne voulais pas risquer de prendre la route pour Québec
car on annonçait beaucoup de neige et j'avais déjà vécu une tempête
sur la 20, une expérience que je ne voulais pas revivre.
Maman m'avait simplement dit : "Je comprends. Ce sera bien triste un Noel sans toi mon gars."
Toute la journée du 23, j'ai repensé à cette phrase. Il n'était pas question
de rater un Noel en famille. Le 24 au matin, j'ai donc pris le train pour Québec.
Les trains bravent le pires tempêtes de neige me suis-je dit. Un fils de cheminot
sait ça, non?
Quand le train quitta Montréal, il neigeait abondamment. Le voyage
serait long.
Le train était bondé et il reignait un air de fête parmi
les passagers. Certains chantaient des chants de Noel
et prenaient un petit coup sous l'œil amusé du Chef de train
qui était plus permissif que d'habitude en cette veille de Noel.
Nous approchions Drummondville quand le train stoppa net.
Dehors, la tempête faisait rage et nous ne pouvions voir à l'extérieur.
Le Chef de train annonça que nous étions bloqués par la neige et
qu'il faudrait attendre une charrue qui venait de Charny. Ça prendrait du temps.
Tout le matériel de déneigement du CN avait été réquisitionné par ce
mauvais temps.
Les passagers de ma voiture, après un bref silence, reprirent leurs chants
et je me joignis à eux. On allait faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Trois heures plus tard, on accrochait une charrue devant la locomotive et
nous sommes repartis vers Québec. Le passager assis à mes côtés
qui avait un peu trop bu, me dit en riant : "C'est Santa Clauss qui conduit la charrue."
J'ai fait semblant de le croire.
Le voyage dura plus de sept heures. Quand nous sommes arrivés
à la Gare du Palais, la tempête s'était un peu calmée. Quand je suis passé
à coté de la locomotive couverte de neige et de glace, le conducteur, un gros bonhomme au visage joufflu, m'envoya la main. Était-ce Santa Clauss dont m'avait parlé mon compagnon de voyage?
Et si c'était vrai?
Par chance, j'ai trouvé un taxi pour Limoilou. Ma mère m'accueillit
en héros...ou presque. J'ai raconté durant le réveillon que c'était le traineau du Père Noel qui avait déblayé la voie ferrée. Personne ne me cru réellement, sauf les enfants qui aimaient tant les contes de Noel.
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