LIMOILOU- NOSTALGIE

LIMOILOU- NOSTALGIE

PARCOURS

PARCOURS
Enfant, quand on est assez vieux pour marcher, la petite cour arrière, entre deux hangars, nous est permise.
 
On trace dans la gravelle des routes pour nos petits camions. Premier voyage imaginaire. Puis quand on est assez grand on a le droit de sortir de la cour pour aller jouer dans un petit bout de ruelle sous l'œil attentif de maman et de trois ou quatre autres mères qui font le guet par la fenêtre de leur cuisine ou de leur galerie. Les mères sont aussi des gardiennes de ruelles. C'est dans leur description de tâches. On est en sécurité.
 
Plus tard, c'est toute la ruelle, de la 14 à la 15e rue qui devient notre univers. Et ce le sera pour bien des années. On s'y fait des amis, on joue, on se chicane parfois et on se réconcilie. "Té pus mon ami bon" et cinq minutes plus tard tout est oublié. On apprend le pardon.
 
En jouant à la cachette, on explore les hangars qui ont bien des secrets et qui empestent la cigarette ou autre chose... Des endroits sombres, mystérieux.
 
Premier tricique. La liberté enfin. On est prêt pour le tour du bloc. La grande aventure. On prévient notre mère qu'on n'ira pas loin. On la sent nerveuse mais résignée. "Les enfants grandissent si vite" dira- t-elle. On prend la 14 et on découvre la 3e avenue et on revient par la 15e heureux et fier de cette grande expédition.
 
Le chemin pour l'école c'est toujours par la ruelle qu'on le fait sauf en hiver bien entendu car le ruelles ne sont pas déblayées.
 
Un jour, on a un vrai bicique à trois vitesses. Un beau CCM flambant neuf. On a douze ans. On explore les ruelles avoisinantes. On fait de la vitesse, des acrobaties, au risque de tomber mais peu importe. Vive la liberté!
 
On s'éloigne de plus en plus car on est devenu ado. C'est le parc Ferland qui nous attire d'abord et les rues tranquilles de St Paul Apôtre. On traverse la 18e qui était la frontière de notre paroisse, puis, encore plus loin, St Albert et le parc Marchand. On y assiste à des matches de baseball.
On va même au marché St Roch sur notre vélo et sur le boulevard Sainte Anne. On rêve de faire le tour de l'Île. La grande évasion.
 
Juin 1963, Jean de Brébeuf à deux pas de chez nous. C'est la fin du secondaire. Ce sera le collège en septembre dans le Vieux Québec, rue de l'Université. On va découvrir la Haute-Ville. On a dix-sept ans.
On délaisse Limoilou pour explorer le "Vieux", ses boîtes à chansons et ses petits Cafés où on refait le monde entre amis. La bohème comme dans la chanson d'Aznavour.
 
Et le temps passe. On est déjà un adulte. Et un jour, c'est le temps de quitter Limoilou pour de bon. J'ai un poste au CÉGEP de Jonquière.
 
Le camion de déménagement vient de partir pour le Saguenay. Je suis dans la ruelle, la ruelle de mon enfance, de ma jeunesse.
 
Mes vieux chums sont tous partis. Ti-Gilles, Ti-Guy, Ti-Roland vivent je ne sais où maintenant.
Le monde a changé, le quartier n’est plus le même. C’est la vie, le temps qui passe tout doucement.
J’ai le cœur gros. Ma mère qui habite au premier étage est dans la cour. Je sais qu’elle aussi a une peine immense mais elle ne le montre pas, enfin pas trop.
 
Bon, je dois prendre la route. Je serre maman dans mes bras en essayant de cacher mes larmes.
Je monte dans ma voiture. Un dernier geste de la main, un au revoir si triste.
Un dernier regard à la maison et à ma ruelle où j'ai passé tant de temps.
Je démarre. Je passe derrière chez Letarte puis les Huot et les Dumais au coin de la 14e.
Je passe devant l’épicerie Larochelle puis ce sera le Boulevard Laurentien plus loin.
 
Je reviendrai visiter ma mère sur la 4e avenue mais ce ne sera plus pareil. J’ai quitté Limoilou pour de bon.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Peut être une image en noir et blanc de 2 personnes, personnes debout, vélo et dehors
 
 
 


02/05/2022
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