Sans trop savoir ce qui se passait, j'ai couru comme un fou lors du Samedi de la matraque le 10 octobre 1964.
Nous avions des cours le samedi matin au Collège Universitaire Garneau que je fréquentais dans le Vieux Québec. Comme à tous les midis, je devais marcher sur la rue St Jean jusqu'au Carré d'Youville pour y prendre l'autobus vers Limoilou.
En passant devant l'Hôtel de Ville, Paul et moi avons remarqué un rassemblement. Des gens criaient. Paul, plus aventurier que moi, me dit : "Viens on va allez voir ce qui se passe".
On s'est approché du groupe de manifestants et c'est là que des dizaines de policiers se sont mis à frapper les gens avec leurs matraques.
Nous avons déguerpi au plus vite. Côte de la Fabrique, trois policiers nous ont pourchassés. Heureusement, forts de nos 17 ans, ont a semé les flics qui avouons-le étaient plutôt bedonnants. Ouf!
Arrivé Carré d'Youville, à bout de souffle, j'ai sauté dans le premier autobus et heureusement c'était le bon pour la 4e avenue. Re-ouf!
Rendu à la maison, ma mère m'a trouvé un peu pâle. Je lui ai raconté mon aventure. Elle a fait semblant de sympathiser avec moi mais son léger sourire m'a fait comprendre qu'elle trouvait mon aventure somme toute assez amusante.
" André, me dit-elle, quand la reine Élizabeth est en ville, mieux vaut regarder ça à la télévision. Le climat politique est explosif par les temps qui courent".
En après-midi, avec mes chums du Collège, nous prenions le train pour Charlevoix. Au moins, loin de Québec, je n'aurais plus affaire avec la police.
J'ai appris quelques jours plus tard que la Police avait fait plusieurs arrestations dont des touristes qui comme nous étaient "genre" curieux.