Mon père je m'accuse...
Au primaire, la bonne soeur nous préparait à la confession. Elle nous parlait des péchés véniels et des péchés capitaux tels l'avarice, l'envie, la paresse, la gourmandise, l'orgueil, la luxure et la colère. La luxure? La soeur évitait d'en faire mention. Et pour cause. C'était le péché de chair. Quand tu as huit ans, tu ne penses pas encore à "la chair". Mais ça viendra à l'adolescence.
Pour les péchés mortels, pas question d'en faire mention. Un enfant, sauf de rares exceptions, n'en commets pas. Rares sont ceux qui s'adonnent à l'ivrognerie, à l'avarice ou à l'adultère.
J'avais donc au moins deux péchés qui me convenaient : la gourmandise et la colère. J'ajoutais avoir désobéi à mes parents et j'avais du stock pour une bonne confession.
Au secondaire, je reprenais mon fameux "avoir désobéi à mes parents" mais le curé n'était pas dupe. C'était un péché d'enfant. Il attendait que j'avoue LE péché, celui de la chair. Avoir des pensées impures était un passage obligé à la confesse et le confesseur, si on omettait d'en parler, nous posait la question : "Mon fils, avez-vous eu des pensées impures?" Difficile d'y échapper. Je ne pouvais cacher que ma jolie voisine était dans mes rêves et que j'avais touché ses seins par inadvertance, bien entendu, en jouant au touch football et que la femme à côté de chez nous se faisait bronzer dans sa cour dans des poses lascives qui m'excitaient.
L'absolution obtenue, ma pénitence faite, je retombais dans le "vice". Tout serait à recommencer à la prochaine confession.
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