LIMOILOU- NOSTALGIE

À l’école, nous apprenions par cœur les dix commandements de Dieu et ceux de l’Église. On répétait comme des automates « Père et mère tu honoreras, Impudique point ne seras, de corps ni de consentement et le fameux 9e commandement, L'œuvre de chair ne désireras, qu'en mariage seulement.»

Quand on a 7 ou 8 ans, on ne comprend rien à rien à l’œuvre de chair. Quand on demandait au frère enseignant ce que ça voulait dire, il se détournait comme si la question sortait tout droit de la bouche de Satan. Demander à ma mère? Pas question. Je me suis donc tourné vers les livres.

L’Encyclopédie Grolier, celle qui connaissait tout, ne m’a pas aidé. Nulle part on y parlait de cette œuvre de chair, seulement des grandes œuvres de l’humanité. Le Larousse illustré ne disait rien là-dessus non plus. Même pas une photo. 

Devenu ado, je me suis demandé si je désobéissais à Dieu quand je regardais avec insistance les jambes bronzées de Suzanne, ma belle voisine. Était-ce l’œuvre de chair? Ou bien, quand je faisais semblant de lire sur la galerie d’en arrière pour zieuter madame Paré, bien en chair, qui se faisait bronzer dans son bikini juste ne face. L’œuvre de chair ? Peut-être. Feuilleter les pages de sous-vêtements féminins dans le catalogue Eaton, voilà, ça devait être ça l’œuvre de chair. À moins que ce soit l’autre commandement, le 6e , l’affaire d’être impudique. J’étais tout mêlé.

Devais-je aller à la confesse et avouer que je pratiquais l’œuvre de chair ? Et puis, en mariage seulement. Je devais donc me marier même à un si jeune âge? Que c’était compliqué. Dieu aurait pu énoncer ça plus simplement pour que nous puissions comprendre et lui obéir. Certains commandements étaient simples à comprendre tels « Père et mère tu honoreras ou Un seul Dieu tu adoreras» mais le 9e, ouf.

Me semble que quand tu donnes des ordres ça doit être clair, non ?