LIMOILOU- NOSTALGIE

Armand regarde le hockey à RDS avec son petit fils de neuf ans Marc-André.

- Pourquoi Grand'Papa les Canadiens perdent tout le temps?

- Ben... y a trop de blessés sur l'équipe répondit Armand cherchant une excuse facile pour ne pas     décourager Marc-André.

- Ouin mais y a d'autres équipes qui ont des blessés voyons donc. Pis y gagnent quand même.

- Vrai, t'as raison mais tu veux vraiment savoir pourquoi ils perdent?

- Ben oui.

- Le Canadien a perdu son âme.

- Hein, les clubs de hockey ont une âme? Ça s'peut pas. L'âme c'est une affaire de religion.

- Disons-le autrement : le Tricolore n'a plus d'identité. Cette équipe a perdu son souffle, sa foi, sa confiance.

- Compliqué ton affaire Grand'Papa.

- Tu vas dire que je radote mais j'vais te raconter l'histoire de cinq coupes Stanley.

- Pas encore cette histoire là.

Armand qui aime bien parler des Canadiens qu'on appelait les Glorieux autrefois,
raconte pour un énième fois l'histoire du CH de la fin des années 50.

- Tu vois, l'équipe avait une âme. Il y avait vingt gars qui voulaient gagner à tout prix.
   Il y avait des leaders qui détestaient perdre. Il y avait un respect pour le chandail

bleu-blanc-rouge qu'ils étaient fiers de porter. C'est ça une équipe qui a une âme Marc-André. Et ça on peut pas l'acheter.

- Pis après les cinq coupes ils ont perdu leur âme?

- Non, pas du tout, pas tout de suite. Il y a eu les années 60 et 70 et encore des coupes Stanley.
  Ca s'est arrêté en 1993, la dernière coupe.

- C'est platte perdre son âme.

- Ben platte. Y a un journaliste, Réjean Tremblay, qui a écrit : L’âme d’une équipe, les fans l’appellent          l’esprit d’équipe. On parle aussi d’un souffle qui balaie le vestiaire. Qui enflamme le cœur et la                 détermination des joueurs. Faut juste trouver des joueurs qui y croient et des leaders pour leur rappeler.

- Un peu tout croche ton affaire Grand'Papa. J'pense que les Canadiens perdent à cause qu'ils ont plus    de blessés que les autres clubs.

- C'est vrai qu'ils ont beaucoup de blessés, répondit Armand qui réalisa qu'un kid de neuf ans     aime mieux les explications simples.